jeudi 17 avril 2008

mardi 15 avril 2008

Un truc qui permettait à la mouche d’entrer mais pas de sortir



Progrès et régression.
– On inventa un verre qui laissait passer les mouches. La mouche s’amenait, poussait un peu de la tête et hop, elle était de l’autre côté. Joie débordante de la mouche. Dommage qu’un savant ait tout fichu par terre en découvrant un truc qui permettait à la mouche d’entrer mais pas de sortir, ou vice-versa, à cause de je ne sais quelle flexibilité des fibres de verre, qui était salement fibreux. Aussitôt on inventa l’attrape-mouches en plaçant un morceau de sucre de l’autre côté dudit verre et beaucoup de mouches moururent de désespoir. C’est ainsi que prit fin toute possibilité de fraterniser avec ces animaux dignes d’un sort meilleur.

Julio Cortázar, Cronopes et fameux (1962), traduit de l’espagnol par Laure Guille-Bataillon, Gallimard, 1977.

jeudi 3 avril 2008

Spéculant sur l’utile sans y joindre l’agréable



Une des erreurs de la politique civilisée est de compter pour rien le plaisir, ignorer qu’il doit entrer pour moitié dans toute spéculation sur le bonheur social. C’est la morale qui fausse ainsi les esprits sur ce point, et qui les engage dans cette politique simple, spéculant sur l’utile sans y joindre l’agréable. Qu’en résulte-t-il ? Qu’elle ne peut procurer l’utile aux sociétés humaines, le nécessaire et le travail au peuple.

Charles Fourier, Des modifications à introduire dans l’architecture des villes, Œuvres complètes, t. XII, 1966.